Inondations en Guadeloupe : où sont responsabilités ?

Inondations en Guadeloupe
Photo : RCI

Les inondations consécutives à l’épisode pluvieux, qui s’est abattu sur la Guadeloupe dans la nuit du 29 au 30 avril 2022, ont conduit le gouvernement à déclarer l’état de catastrophe naturelle pour quatre communes du centre de l’archipel : Pointe-à-Pitre, Les Abymes, Le Gosier et Morne-à-l’Eau. Le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, en a informé les élus, qui en avaient immédiatement formulé la demande, et un communiqué a été rendu public mardi 10 mai.

Dérèglement climatique, mais encore

Ces inondations avaient fait deux morts et un disparu (recherches interrompues au bout de trois jours). En outre, vingt-neuf personnes avaient été piégées dans leur voiture et des dizaines d’entreprises, d’habitations, de routes et de véhicules avaient été endommagés. Un lourd bilan.

Principale explication à cet événement météorologique : le réchauffement climatique, selon les climatologues. En pleine saison sèche, il n’est pas courant, en effet, que la Guadeloupe soit aussi copieusement arrosée, même si les précipitations les plus intenses se sont cantonnées au périmètre sud-ouest de la Grande-Terre.

Des inondations à répétition

C’est justement pour ce secteur qu’un Programme d’actions de prévention des inondations (Papi) avait été élaboré, pour la période allant de 2015 à 2017, à la suite des inondations de janvier 2011 et de mai 2012. Il s’agissait du Papi d’intention des bassins versants des Grands-Fonds, initié par Pointe-à-Pitre, Les Abymes, Morne-Eau, Le Moule et Le Gosier ; quatre communes menacées par l’écoulement des eaux pluviales provenant des mornes et ravines de ce secteur central de la Grande-Terre.

Ce sont ces mêmes communes (à l’exception du Moule) qui ont directement subi les effets des dernières précipitations. Elles sont donc des habituées de ces phénomènes. Pourtant, dix ans après les dernières grosses inondations du mois de mai 2012, elles se retrouvent dans la même situation. Autant dire que les actions menées jusqu’ici ont été inefficaces.

Compétence obligatoire et exclusive des agglomérations

L’État s’en était déjà rendu compte puisqu’en 2018, un nouveau dispositif a été proposé pour renforcer le Papi. Il s’agit de la Gémapi (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations). Cette compétence, confiée aux communautés d’agglomération et de communes depuis le 1er janvier 2018, est devenue obligatoire et exclusive depuis le 1er janvier 2020. Elle doit faciliter les travaux d’aménagement des cours d’eau et autres espaces inondables ainsi que leur entretien. Entre temps, il y a eu la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19, qui a fortement mobilisé les élus, mais il y a surtout eu les campagnes pour les élections municipales, communautaires, régionales et départementales. Depuis, les affaires ont repris. Ainsi à la communauté d’agglomération La Riviera du Levant (Carl), un plan a été établi et déposé à la Commission mixte Aménagement/Environnement du 28 octobre 2021.

La protection de la vie doit être la priorité des élus

Sauf que l’équipe majoritaire du président Cédric Cornet a volé en éclat, quelques mois après son élection et aujourd’hui, sur 41 conseillers communautaires, 22 sont dans l’opposition. Difficile, dans ces conditions, de mener une quelconque action sérieuse et, encore une fois, ce sont les administrés qui risquent de subir les conséquences de la guéguerre politique.

A Cap Excellence (pour Les Abymes et Pointe-à-Pitre) et à la communauté d’agglomération du Nord Grande-Terre (pour Morne-à-l’Eau et Le Moule), ce problème de maîtrise de la gouvernance ne se pose, mais encore faut-il prendre le dossier à bras-le-corps. Ce sera sûrement le cas après les élections législatives. Cependant, il faudrait que ce soit avant la saison cyclonique, ne serait-ce que pour nettoyer les réseaux d’évacuation des eaux usées et pluviales. Car bien souvent, c’est à cause des canalisations et des canaux bouchés que l’évacuation des eaux ne se fait pas de manière efficace.

Avant, pendant et après les inondations : quelques conseils

Le site gouvernemental consacré à la prévention des risques majeurs donne de précieux conseils de prévention pour éviter les conséquences dramatiques des inondations et liste toute une série de sites de référence. Cependant, il devient urgent que les élus des municipalités que l’on retrouve dans les établissements de coopération intercommunale fassent de ce dossier de prévention des inondations leur priorité pour que des drames comme celles de ce mois d’avril 2022 ne se reproduisent pas dans quelques mois, voire dans quelques semaines. Ne dit-on pas qu’il n’y a plus de saison ?

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